La forêt de Fontainebleau comporte des centaines de chemins – ici, on dit des Routes- et de carrefours. Tous ont un nom, qui figure souvent sur une plaque de zinc clouée aux arbres.
Ces noms ont une histoire. Ils ont été attribués au fil des siècles et on peut distinguer plusieurs «couches» de noms, qui se sont déposées comme des couches géologiques. Au milieu du XVIIIe siècle, deux ou trois cents noms anciens, attribués au cours du temps, ont été officialisés. En 1835, l’administration des Eaux et Forêts a décidé de dénommer toutes les routes et tous les carrefours qui ne portaient pas encore de nom. Il a fallu alors trouver huit cents noms! Depuis lors, il n’y a guère eu qu’une centaine de noms nouveaux.
Les noms donnés par les forestiers composent une nomenclature ordonnée selon diverses thématiques. On découvrira ainsi, en parcourant la forêt, des galeries de personnages illustres (rois, reines et favorites, grands de ce monde, responsables des Eaux et Forêts, hommes de lettres et de science, artistes …) mais aussi des notables locaux ou de simples gardes, voire d’illustres inconnus. Les « baptiseurs » de route ont aussi largement puisé dans le vocabulaire de la chasse à courre, ainsi que dans celui du monde de la forêt: noms d’arbre, d’oiseaux, de mammifères…Les gardes assassinés dans l’exercice de leurs fonctions, ceux fusillés par les Prussiens en 1870 ou les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale ont été honorés. On trouve même, sur un autre registre, une carte du tendre…
Ces noms n’ont pas été distribués au hasard dans la forêt. Ils sont parfois attachés à une particularité des lieux – la Route du Montoir d’Ury comporte évidemment une montée, le Mont Pierreux abritait des carrières qui fournirent les matériaux du château. Ils sont aussi souvent regroupés par sujets, qui peuvent faire l’objet de promenades à thèmes : grands forestiers du XIXe siècle, familles royales, champignons, artistes du château, vocabulaire de la vénerie...